08 octobre 2007

La minute psy

Ce blog étant une sorte d’exutoire, je n’ai pas pour habitude d’écrire quand tout va bien. Et quand ça ne va pas, comme il s’agit toujours des mêmes préoccupations concernant mes relations avec le sexe opposé, je finis même par culpabiliser d’écrire encore et toujours sur mes questions existentielles et mes états d’âme…
Pourtant je fais bien ce que je veux ici, c’est chez moi et je parle de ce qui me soucie.
Mais on ne se refait pas. Ou bien on se fait soigner.

Et j’y pense de plus en plus souvent. C’est comme ça que je commence. Par y penser, y penser encore, de plus en plus jusqu’à me décider. D’habitude ça va plus vite (enfin je dis d’habitude, mais je n’ai fait ça que deux fois). Je me dis que je ne vais pas bien et que je devrais aller voir un docteur de la tête. Je me motive et puis quand un jour je n’y tiens plus je me décide et je prends rendez-vous.
J’ai remarqué que plus l’attente est courte, moins il y a de séances. Un peu comme si on prenait le problème assez tôt pour éviter qu’il ne s’aggrave.

Là, depuis le temps que j’y pense, le problème a eu bien le temps de s’installer et produire ses dégâts. Quand la Miss de sAix nous conte ses progrès chez le Medicine Man, tout semble venir de l’enfance, de souffrances refoulées, de douleurs tues.
Moi, je sais bien que je ne suis pas bien "dans l’axe" depuis que je suis gamin.

A environ 4/5 ans j’ai commencé à me laisser mourir de faim. Problème relationnel avec mon père paraît-il, qui me battait comme plâtre à la moindre occasion.
Ma mère, inquiète m’amène une première fois chez le toubib qui lui répond -de sa voix grave de médecin condescendant envers ces crétins de parents qui ne pigent décidément rien aux gosses- : "Enfin Madame Archie-Mère, les enfants, ça ne se laisse pas mourir. Il va manger, ne vous inquiétez pas. Pour accélérer le processus mettez des friandises à sa portée".
Je me souviens de ces assiettes blanches avec des petites rondelles de saucisson ou de petits biscuits posées sur le tabouret en bois peint en rouge pompier -et sur lequel, plus tard je m’entraînerai, lorsque la volonté de ma mère de me faire apprendre un instrument de musique me dirigea vers le tambour (tu sais, celui qui est dans la fanfare du village à chaque14 juillet)- et devant lequel je passai indifférent, voire nauséeux rien qu’à regarder ces morceaux de viande secs ou ces gâteaux bourrés de sucre écoeurants.Indifférent vraiment ?
Je me souviens vaguement aussi des sentiments que je ressentais. La faim était là, mais étouffée, comme un tiraillement lointain et puis ça n’était qu’une douleur physique de plus. Il y avait l’envie de faire plaisir à ma mère, mon plaisir à moi aussi, parce que je me souvenais vaguement que j’aimais le saucisson ou ces petits biscuits avant… Avant quoi ???
Mais il y avait aussi la volonté de lutter contre mon père, lui prouver que mon esprit était plus fort que le sien. Que ses coups, si forts et douloureux soient-ils, n’étaient rien. Rien à côté de ce que moi j’avais décidé de m’infliger. Ses marques n’étaient que des bleus sur mon petit corps frêle. Les miennes étaient ce corps entier, maigre, décharné, sans énergie, ce visage émacié ou la peau semblait être tirée à même les os… J’ai retrouvé une photo de moi lorsque j’avais 6 ou 7 ans. Déjà j’avais retrouvé un peu de masse, j’avais été "gavé", parce que ce couillon de toubib avait enfin réagit. Ca m’avait presque fait plaisir de le voir inquiet cet andouille pontifiant : "Bon là, Madame Archie-Mère, il faut qu’il mange, de gré ou de force !"
Eh oui, pauvre nase, un enfant qui n’a pas le goût de vivre se laisse mourir… Toi aussi je t’ai vaincu !

Sur cette photo je suis plutôt mignon (ça bien changé depuis…) mais ce visage est si maigre et ce regard si triste. Déjà.

Plus jeune encore, bébé…
Je me gamellais tout le temps. Comme tous les gamins qui apprennent à marcher. Sauf que les petits qui commencent à vadrouiller ont le réflexe de mettre les bras en protection devant leur visage quand ils se croûtent. Pas moi.
Une fois, ma mère a bien cru que la peau de mon front allait craquer. J’avais pris la tranche d’une porte en plein frontal… S’en est suivi une bosse énorme, gigantesque, grotesquement verticale en plein milieu, bleue violacée puis jaune malsain…
Déjà, je m’infligeais des sévices et ma mère s’occupait de moi. Je pense que ma sœur était née et accaparait ma mère. Jalousie ?
Tous les petits font ça, tentent d’attirer l’attention de leurs parents alors que le petit frère ou la petite sœur vient de naître. Ils font des bêtises, s’énervent, se battent, cassent des babioles… Tentai-je de me casser pour que ma mère s’occupe de moi ?

Encore plus jeune, je remonte le temps… Ma naissance.
En 1973, dans l’hôpital où je suis né, le protocole voulait que les nouveaux-nés jeûnent durant les 24 premières heures de leur vie. Barbarisme ? Prévention de risques (lesquels d’ailleurs ?) ? Ignorance ?
Toujours est-il que je n’ai ni mangé ni dormi durant ma première journée de vie, je n’ai fait que pleurer et hurler ma détresse et ma souffrance. Et au bout de ces 24 heures de calvaire et de torture, ma pauvre maman, 20 ans à peine, a enfin eu l’autorisation de me nourrir. Epuisé par tant d’efforts pour réclamer ma subsistance, en cinq minutes je m’écroulais de sommeil en tétant le sein maternel.
Manger est toujours resté un problème chez moi, jusqu'à l'adolescence. Etant enfant, manger un steak haché me prenait 4 heures. Mon père était fou de rage et d'impuissance... Ma mère se doutait que tout ça était lié à mes relations avec mon paternel. Mais pas question d'aller voir un psy ! La grande sentence de mon père : "Ces psy sont aussi fous que leurs malades et mon fils n'est pas cinglé !" Et pourtant.
J'ai rechuté lors de ma rupture avec L'Ex-Future-Madame-Archie. 8 kilos perdus en même pas deux semaines. J'avais retrouvé mon poids de forme en ne me nourrissant quasiment que de whisky. Heureusement que l'alcool fait grossir...

Je déteste les médecins et leur soi-disant tout-puissant savoir et leur science, ils m’ont pourris mes premières années de vie. Je leur dois cette fabuleuse puissance physique proche de celle d’un ado de 13 ans !

J’ai détesté mon père d’avoir été si inexpérimenté et violent. Je suis né en mai, mes parents se sont mariés en décembre précédent ma naissance. M’en a-t-il voulu d’avoir débarqué dans sa vie alors qu’il ne savait probablement pas s’il aimait réellement cette femme ? M’en a-t-il voulu de l’avoir obligé à se marier avec celle qu’il avait engrossée ? Parce qu’à cette époque, mon bon monsieur, il n’était pas question d’être parents avant d’être mariés !!!
M’en a-t-il voulu de lui avoir supprimé toutes ces belles années d’insouciance qui se profilaient devant lui ? Pourtant je sais qu’il m’aimait. Il n’a jamais su le montrer et le dire, comme beaucoup d’hommes de cette génération et des précédentes…

En ai-je tant voulu à ma sœur d’avoir accaparé ma mère alors que je n’avais que 11 mois et demi ? D’avoir toujours été plus grande que moi de 5 cm durant toute notre enfance ? D’avoir toujours été la préférée de mon père, comme seules les filles peuvent être complices avec leur père ? D’avoir eu cette insouciance et cette gaieté qui lui permettaient de se faire des amis en claquant des doigts, alors que moi j’ai toujours été un solitaire, un taciturne, un timide et un sauvage ?
Est-ce pour cela que je considère Didi comme ma sœur, à qui je peux confier toute ma vie sans crainte, même mes peurs les plus secrètes et intimes, alors que ma propre sœur n’en sait rien ?
Pourtant Dieu sait si je l’aime ma soeur !

Toutes ces cicatrices, ces tristesses, ces blessures, ces manques, ces petites misères de petit garçon peuvent-ils expliquer une adolescence si complexée ?
Cette adolescence faite de brimades, de moqueries, de repli sur soi (malgré une thérapie qui a fait son œuvre tout de même) et de complexes ajoutée à cette enfance pas très heureuse, sont elles responsables de ce que je suis devenu ?
Si on tient compte du fait qu’une maison ne dure que grâce à de bonnes fondations, il faut reconnaître que je suis bien près de m’écrouler.
Alors oui, tout ceci peut expliquer ce que je vis aujourd’hui. Ce manque de confiance en moi qui me fait penser chaque fois que je ne vais jamais y arriver quelle que soit la tâche ou l’objectif fixé, qui m’a convaincu de mon incapacité à séduire et à plaire. Cette crainte des femmes et ce sentiment d’infériorité qui m’habite sitôt que l’une d’elles m’attire. Ce besoin d’amour et d’affection, d’être câliné et bercé dans des bras aimés. Ce besoin de solitude, d’indépendance et de liberté qui ne me fait penser qu’avec terreur à une vie en couple ou à sortir avec une femme.

Alors docteur, on m’enferme ou bien on me drogue…?

Désolé d'avoir été si long...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

ah...ben...là, j'avoue que je ne sais que te dire Archie...je suis triste pour toi...
je sais que c'est facile à dire mais malgré de médiocres fondations, c'est à toi de construire ta maison et de faire ta famille pour y trouver l'affection qui te manque...
tu sais, moi j'ai eu une enfance heureuse, j'ai été papouillée et aimée, j'étais fille unique et je peux te dire que ma vie privée est un vrai bordel (j'ai été mariée 2 fois)! donc l'enfance n'explique pas tout...nous sommes libres de faire notre propre vie...
Archie, tu es très mignon :-) laisse le vent t'emporter...c'est pas possible que tu restes célibataire...
(soupir) enfin, je sais, c'est la théorie à 2 euros...pourtant, j'te promets, je ne lis pas femme actuelle :-))

je t'embrasse mon Archie

NO

Anonyme a dit…

Et pourtant je le suis, célib'
Et ça va durer longtemps je crois. Non pas que je le veuille, mais parce que je ne vois pas ce qui pourrait changer dans ma vie.
Ne sois pas triste pour moi, je n'ai pas eu une enfance facile, mais j'avais quand même de très bons moments. Il y en a qui vivent bien pire !
J'ai juste écrit le plus dur et ce qui m'a fait le plus mal, je pense.
Merci en tout cas.

Des bises ma NO
Archie

Kamasan a dit…

oh ben merde ! Je m'attendais pas à ça (on s'y attend rarement en même temps!). est-ce que ceci explique cela , oui certainement...enfance heureuse ou pas pourtant on est tous capable d'en chier plus qu'il ne faut...

Anonyme a dit…

C'est sûr, on ne s'attend jamais à apprendre des trucs pareils. On prête aux gens une vie similaire à la nôtre tant qu'ils ne le démentent pas.
Quelle que soit l'enfance, effectivement notre vie n'est que ce qu'on arrive à en faire. Mais si je peux résoudre ce qui me tracasse dans mon enfance, j'ai une chance de mieux vivre le présent, non ?
Déjà, le simple fait d'avoir posé ça "sur le papier" m'a permis de mettre le doigt sur trois choses que je sais m'avoir fait souffrir.
Il me reste à le digérer pour que ça ne me mine plus...

Kamasan a dit…

C'est clait ça peut pas faire de mal, "évacuer" les choses, c'est le début de la "guérison", allez courage :)

Anonyme a dit…

Salut Archie je sais que tu en as chié et que ca dure (je suis bien placé: "le sexo" ) je te connais donc bien...(je pense du moins sans pretention aucune) .
Tu es tombé sur des toubibs cons et je sais la rancune légitime que tu leur voue à juste titre mais ils ne sont pas tous ainsi...j'en connais des bien mais on en reparlera mais pas ici mais devant un Caol Ila (seuls). biz frerot!

Anonyme a dit…

Content de te revoir ici, frérot !
A un de ces quatre, devant une table de Texas Hold'em et un bon verre d'Islay !!!