20 octobre 2007

La vie façon puzzle

Quand j'ai écrit le post "La minute psy", je souhaitais faire un constat objectif, une mise à nu de ce que j'avais vécu et de ce que j'avais ressenti. Pour voir ce que ça pouvait changer dans ma tête, si ça pouvait briser la carapace ou des barrières. Tenter ensuite d'en tirer des leçons, voire même imaginer ce que me dirait un psy.
Je n'imaginais pas que ça pourrait inspirer autant de tristesse et de sympathie de la part de ceux(enfin, surtout celles...) qui me lisent. Dites-vous bien que lorsque j'étais enfant, ce que je vivais, si dur que cela pouvait être, était la situation normale. Je n'imaginais pas, ou très peu, que les autres enfants n'avaient pas ces mêmes relations conflictuelles avec leur père.
Je pensais que les pères étaient ainsi, qu'il étaient là pour gronder leurs enfants et leur inspirer la crainte. Les mères étaient là pour distiller l'amour et la douceur.
Au final, je ne pensais pas être malheureux ni souffrir. Mes réactions, mes problèmes d'alimentation disent le contraire, inconsciemment je souffrais. J'attendais avec impatience que mon père parte en déplacement (ça durait entre 2 et 3 semaines à l'époque) et vivait dans l'angoisse de son retour. Mais pour moi, tout ça était la vie normale.

Sachant tout ça aujourd'hui, ayant fait cet espèce de bilan, j'ai l'impression d'avoir toutes les pièces du puzzle. Mais je ne sais pas comment les unir les unes aux autres pour en faire un tableau cohérent que je pourrais remiser dans un coin sans qu'il me dérange. Je sais qu'un toubib de la calebasse pourrait m'aider. Mais maintenant tu connais mon aversion pour cette corporation de nantis qui de plus en plus n'exercent ce métier que pour le prestige et le fric. En trouver un qui soit compétent et qui veuille sincèrement aider ses patients devient une quête du Graal. Et puis de toute façon j'ai pas les moyens...

Faites attention, je suis sorti ce matin pour aller chercher mon pain et je peux vous dire que l'hiver vient...

19 octobre 2007

De retour mais pas frais

Suis revenu. L'opérateur historique (ces branleurs de France Telecom qui s'amusent à débrancher les abonnés des autres FAI pour récupérer la clientèle) a enfin daigné me remettre la ligne en fonction après 10 jours sans internet in my home.
Un calvaire.
Mais là, je suis trop claqué pour causer plus longtemps. La faute à un big chantier à la Groussebouate qui m'a pompé 10 heures par jour cette semaine (ou presque, mercredi j'avais kiné et je me suis barré à 17h30... Du coup j'ai fait une petite journée de 9h)
Je reviens demain.

Juste une dernière chose : merci pour vos commentaires et vos messages au tavernier (kenyah j'espère que tu oseras un jour...) à propos du précédent post. Je ne pensais pas déclencher autant de tristesse et de sympathie, j'en parlerai plus longuement demain.

Bonne nuit.


08 octobre 2007

La minute psy

Ce blog étant une sorte d’exutoire, je n’ai pas pour habitude d’écrire quand tout va bien. Et quand ça ne va pas, comme il s’agit toujours des mêmes préoccupations concernant mes relations avec le sexe opposé, je finis même par culpabiliser d’écrire encore et toujours sur mes questions existentielles et mes états d’âme…
Pourtant je fais bien ce que je veux ici, c’est chez moi et je parle de ce qui me soucie.
Mais on ne se refait pas. Ou bien on se fait soigner.

Et j’y pense de plus en plus souvent. C’est comme ça que je commence. Par y penser, y penser encore, de plus en plus jusqu’à me décider. D’habitude ça va plus vite (enfin je dis d’habitude, mais je n’ai fait ça que deux fois). Je me dis que je ne vais pas bien et que je devrais aller voir un docteur de la tête. Je me motive et puis quand un jour je n’y tiens plus je me décide et je prends rendez-vous.
J’ai remarqué que plus l’attente est courte, moins il y a de séances. Un peu comme si on prenait le problème assez tôt pour éviter qu’il ne s’aggrave.

Là, depuis le temps que j’y pense, le problème a eu bien le temps de s’installer et produire ses dégâts. Quand la Miss de sAix nous conte ses progrès chez le Medicine Man, tout semble venir de l’enfance, de souffrances refoulées, de douleurs tues.
Moi, je sais bien que je ne suis pas bien "dans l’axe" depuis que je suis gamin.

A environ 4/5 ans j’ai commencé à me laisser mourir de faim. Problème relationnel avec mon père paraît-il, qui me battait comme plâtre à la moindre occasion.
Ma mère, inquiète m’amène une première fois chez le toubib qui lui répond -de sa voix grave de médecin condescendant envers ces crétins de parents qui ne pigent décidément rien aux gosses- : "Enfin Madame Archie-Mère, les enfants, ça ne se laisse pas mourir. Il va manger, ne vous inquiétez pas. Pour accélérer le processus mettez des friandises à sa portée".
Je me souviens de ces assiettes blanches avec des petites rondelles de saucisson ou de petits biscuits posées sur le tabouret en bois peint en rouge pompier -et sur lequel, plus tard je m’entraînerai, lorsque la volonté de ma mère de me faire apprendre un instrument de musique me dirigea vers le tambour (tu sais, celui qui est dans la fanfare du village à chaque14 juillet)- et devant lequel je passai indifférent, voire nauséeux rien qu’à regarder ces morceaux de viande secs ou ces gâteaux bourrés de sucre écoeurants.Indifférent vraiment ?
Je me souviens vaguement aussi des sentiments que je ressentais. La faim était là, mais étouffée, comme un tiraillement lointain et puis ça n’était qu’une douleur physique de plus. Il y avait l’envie de faire plaisir à ma mère, mon plaisir à moi aussi, parce que je me souvenais vaguement que j’aimais le saucisson ou ces petits biscuits avant… Avant quoi ???
Mais il y avait aussi la volonté de lutter contre mon père, lui prouver que mon esprit était plus fort que le sien. Que ses coups, si forts et douloureux soient-ils, n’étaient rien. Rien à côté de ce que moi j’avais décidé de m’infliger. Ses marques n’étaient que des bleus sur mon petit corps frêle. Les miennes étaient ce corps entier, maigre, décharné, sans énergie, ce visage émacié ou la peau semblait être tirée à même les os… J’ai retrouvé une photo de moi lorsque j’avais 6 ou 7 ans. Déjà j’avais retrouvé un peu de masse, j’avais été "gavé", parce que ce couillon de toubib avait enfin réagit. Ca m’avait presque fait plaisir de le voir inquiet cet andouille pontifiant : "Bon là, Madame Archie-Mère, il faut qu’il mange, de gré ou de force !"
Eh oui, pauvre nase, un enfant qui n’a pas le goût de vivre se laisse mourir… Toi aussi je t’ai vaincu !

Sur cette photo je suis plutôt mignon (ça bien changé depuis…) mais ce visage est si maigre et ce regard si triste. Déjà.

Plus jeune encore, bébé…
Je me gamellais tout le temps. Comme tous les gamins qui apprennent à marcher. Sauf que les petits qui commencent à vadrouiller ont le réflexe de mettre les bras en protection devant leur visage quand ils se croûtent. Pas moi.
Une fois, ma mère a bien cru que la peau de mon front allait craquer. J’avais pris la tranche d’une porte en plein frontal… S’en est suivi une bosse énorme, gigantesque, grotesquement verticale en plein milieu, bleue violacée puis jaune malsain…
Déjà, je m’infligeais des sévices et ma mère s’occupait de moi. Je pense que ma sœur était née et accaparait ma mère. Jalousie ?
Tous les petits font ça, tentent d’attirer l’attention de leurs parents alors que le petit frère ou la petite sœur vient de naître. Ils font des bêtises, s’énervent, se battent, cassent des babioles… Tentai-je de me casser pour que ma mère s’occupe de moi ?

Encore plus jeune, je remonte le temps… Ma naissance.
En 1973, dans l’hôpital où je suis né, le protocole voulait que les nouveaux-nés jeûnent durant les 24 premières heures de leur vie. Barbarisme ? Prévention de risques (lesquels d’ailleurs ?) ? Ignorance ?
Toujours est-il que je n’ai ni mangé ni dormi durant ma première journée de vie, je n’ai fait que pleurer et hurler ma détresse et ma souffrance. Et au bout de ces 24 heures de calvaire et de torture, ma pauvre maman, 20 ans à peine, a enfin eu l’autorisation de me nourrir. Epuisé par tant d’efforts pour réclamer ma subsistance, en cinq minutes je m’écroulais de sommeil en tétant le sein maternel.
Manger est toujours resté un problème chez moi, jusqu'à l'adolescence. Etant enfant, manger un steak haché me prenait 4 heures. Mon père était fou de rage et d'impuissance... Ma mère se doutait que tout ça était lié à mes relations avec mon paternel. Mais pas question d'aller voir un psy ! La grande sentence de mon père : "Ces psy sont aussi fous que leurs malades et mon fils n'est pas cinglé !" Et pourtant.
J'ai rechuté lors de ma rupture avec L'Ex-Future-Madame-Archie. 8 kilos perdus en même pas deux semaines. J'avais retrouvé mon poids de forme en ne me nourrissant quasiment que de whisky. Heureusement que l'alcool fait grossir...

Je déteste les médecins et leur soi-disant tout-puissant savoir et leur science, ils m’ont pourris mes premières années de vie. Je leur dois cette fabuleuse puissance physique proche de celle d’un ado de 13 ans !

J’ai détesté mon père d’avoir été si inexpérimenté et violent. Je suis né en mai, mes parents se sont mariés en décembre précédent ma naissance. M’en a-t-il voulu d’avoir débarqué dans sa vie alors qu’il ne savait probablement pas s’il aimait réellement cette femme ? M’en a-t-il voulu de l’avoir obligé à se marier avec celle qu’il avait engrossée ? Parce qu’à cette époque, mon bon monsieur, il n’était pas question d’être parents avant d’être mariés !!!
M’en a-t-il voulu de lui avoir supprimé toutes ces belles années d’insouciance qui se profilaient devant lui ? Pourtant je sais qu’il m’aimait. Il n’a jamais su le montrer et le dire, comme beaucoup d’hommes de cette génération et des précédentes…

En ai-je tant voulu à ma sœur d’avoir accaparé ma mère alors que je n’avais que 11 mois et demi ? D’avoir toujours été plus grande que moi de 5 cm durant toute notre enfance ? D’avoir toujours été la préférée de mon père, comme seules les filles peuvent être complices avec leur père ? D’avoir eu cette insouciance et cette gaieté qui lui permettaient de se faire des amis en claquant des doigts, alors que moi j’ai toujours été un solitaire, un taciturne, un timide et un sauvage ?
Est-ce pour cela que je considère Didi comme ma sœur, à qui je peux confier toute ma vie sans crainte, même mes peurs les plus secrètes et intimes, alors que ma propre sœur n’en sait rien ?
Pourtant Dieu sait si je l’aime ma soeur !

Toutes ces cicatrices, ces tristesses, ces blessures, ces manques, ces petites misères de petit garçon peuvent-ils expliquer une adolescence si complexée ?
Cette adolescence faite de brimades, de moqueries, de repli sur soi (malgré une thérapie qui a fait son œuvre tout de même) et de complexes ajoutée à cette enfance pas très heureuse, sont elles responsables de ce que je suis devenu ?
Si on tient compte du fait qu’une maison ne dure que grâce à de bonnes fondations, il faut reconnaître que je suis bien près de m’écrouler.
Alors oui, tout ceci peut expliquer ce que je vis aujourd’hui. Ce manque de confiance en moi qui me fait penser chaque fois que je ne vais jamais y arriver quelle que soit la tâche ou l’objectif fixé, qui m’a convaincu de mon incapacité à séduire et à plaire. Cette crainte des femmes et ce sentiment d’infériorité qui m’habite sitôt que l’une d’elles m’attire. Ce besoin d’amour et d’affection, d’être câliné et bercé dans des bras aimés. Ce besoin de solitude, d’indépendance et de liberté qui ne me fait penser qu’avec terreur à une vie en couple ou à sortir avec une femme.

Alors docteur, on m’enferme ou bien on me drogue…?

Désolé d'avoir été si long...